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Lait d'Beu
1 avril 2021

Le sacristain de Saint-Germain-des-Prés accroc au flouze

Les scrogneugneux me reprocheront sans doute de m'intéresser à une histoire futile en ces temps difficiles où des sujets autrement gra ves et préoccupants devraient retenir toute mon attention. Je ne manque pas de les étudier jour après jour mais pour être une dépressive chronique, je ne voudrais pas que l'on m'extirpât le "boyau de la rigolade" et comme le chantaient en 1936 Ray Ventura et ses Collégiens : "ça vaut mieux que d'attraper la scarlatine".

Et précisément, elle fit partie des maladies contagieuses graves où la "quarantaine" n'était pas un vain mot. Ma mère qui vécut à Paris à la même époque nous disait que les autorités sanitaires plaçaient sur le toit un drapeau rouge avec interdiction formelle de sortir de la maison pendant 40 jours. Personne à cette époque pour invoquer une restriction à la liberté de circuler !

J'avais précieusement mis de côté l'article de Pascale Robert-Diard (Le Monde du 25 nov. 2021) "L'église Saint-Germain-des-Prés, son étrange sacristain et l'argent de la quête envolé" mais impossible de remettre la main dessus ! Non seulement j'ai une propension incroyable à égarer les choses (que je finis toujours par retrouver de manière inopinée) mais je dois avouer être une bordélique invétérée (quasi de naissance !). Il me restait fort heureusement suffisamment de souvenirs de l'article que j'ai d'aiileurs pu compléter en consultant d'autres sources fort intéressantes.

Je plante le décor

Si vous descendez la rue Bonaparte depuis le quai Malaquais, vous arrivez directement sur le Bd Saint-Germain. Cette rue, au demeurant très étroite, fut jadis celle des bouquinistes haut-de-gamme qui furent remplacés il y a déjà longtemps par des boutiques de fringues et chaussures de luxe. Sur le boulevard vous trouverez à main droite la brasserie des Deux Magots qui malgré son style Art déco n'offre plus en terrasse (bondée) et en salle, elle même prise d'assaut par une cohorte de touristes, qu'un frichti prétentieux à souhait mais sans aucune relation avec la gastronomie des brasseries à l'ancienne, preque toutes, reprises par des "chaines" fonctionnant sur le même modèle.

A main gauche, l'église de Saint-Germain-des-Prés dont parle l'article, visitée par de nombreux touristes, ceux de la mangeoire d'à côté et beaucoup d'autres, certains faisant brûler des cierges et tous laissant des traces sonnantes et trébuchantes de leur passage : les "troncs" regorgent de coupures étrangères. 

Par ailleurs y sont très souvent célébrées les obsèques de nombreuses personnalités du monde des arts, de la culture et des médias ou de la politique. Les billets de 50 ou 100 euros tombent facilement dans l'escarcelle de la quête.

C'est ici qu'entre en scène Georges C. le personnage principal de cette rocambolesque histoire. Arrivé de Syrie il y a 30 ans, fuyant ais-je lu le sort tragique des chrétiens d'Orient au Proche et Moyen-Orient. De quelle obédience ? Elles sont fort nombreuses comme le soulignait Odilon Vallet - plutôt spécialisé dans les affaires vaticanes - dans un article du Monde en 1993, avant la folle guerre où les USA voulurent nous entraîner - avec force mensonges à l'appui - mais où la France résista grâce à Jacques Chirac et un vibrant plaidoyer de Villepin à l'ONU.

Or donc, il établissait des distinguos entre ceux qui reconnaissent l'autorité de Rome et les "byzantins" (orthodoxes mais ne reconnaissant pas forcément les mêmes autorités) plus une série de rites hérités des premiers chrétiens, comme les "nestoriens" dont l'histoire est aussi riche que cahotique. Je me passionne depuis longtemps pour l'Histoire (fort mouvementée) des premiers temps de l'Eglise.

Georges C. fut pris en amitié par le curé de la paroisse qui lui offrit un poste de sacristain, sa femme faisanr la cuisine pour les prètres. 4000 euros mensuels à eux deux selon les chiffres indiqués par Le Monde, ce n'est pas de l'exploitation ! d'autant qu'ils occupèrent sans bourse délier un logement en bon état mis à leur dispotition par la paroisse.

Beaucoup s'en seraient contentés mais Georges C. était visiblement atteint par "la folie des grandeurs" comme en témoigne à l'envi l'examen de son patrimoine. D'abord immobilier: 4 appartements à Paris qu'il prétendit avoir acheté "à la bougie" (procédure lors de la liquidation judiciaire d'un bien où le prix est généralement bien inférieur à celui du marché). Selon lui, les loyers devaient couvrir le montant des emprunts mais aucune trace d'un qulconque crédit ! Une autre maison à Charenton-le-Pont (94) ainsi qu'à Palaiseau. 

Vous y ajouter 100.000 euros sur un compte bancaire, un chèque qui lui aurait été envoyé par un parent vivant en Syrie, précisément pour couvrir ses acquisitions immobilières. Il ne manquait d'ailleurs pas d'autres rssources. Ainsi, il admit faire la peinture d'une cuisine en deux jours pour 1500 euros et quand lui fut posée la question "est-ce déclaré ? La réponse fusa sans ambiguité : pftt, c'est une somme si modeste ! De quoi donner l'envie à tous les smicards qui ne mangent pas de ce pain de lui claquer le beignet...

Rien moins que 9 voitures de luxe ! Lesquelles ont été saisies par l'administration des Domaines pour être revendues, procédure habituelle dans les affaires importantes de malversations financières importantes, autrement appelées "bien mal acquis" (utilisée également contre les trafiquants de drogue). J"ose espérer qu'il ne se trouvera pas un parlementaire fou pour exiger que le produit de ventes fût restitué à la Lybie !

Vous y ajoutez des parts dans 4 sociétés liées à des transactions pétrolières en Irak et en Syrie dont il apparaît qu'il en serait le gérant. Nouvelle preuve s'il en était besoin que notre réfugié n'était pas aussi maltraité ou hostile aux régimes en place qu'il le prétendit. Les opérations prévues y compris avec le Qatar, Dubaï (point de rencontre de tous les trafics de la planète) et l'Arabie Saoudite (tous ces pays étant champions des Droit de l'Homme comme chacun sait) n'ayant pu avoir lieu en raison de la mauvaise conjoncture sur les hydrocarbures en raison de la pandémie de Covid-19  et surtout ! des saturations en matière de réserves mises à mal par l'arrêt des activités pendant la première phase de la pandémie : le baril à moins de 0 euros. Cela n'a duré que quelques jours mais suffisamment pour marquer les esprits.

Jusqu'à il y a peu, Georges C. bénéficia de la totale confiance du curé de Saint-Germain. La meilleure preuve : il lui confia (assisté d'une autre personne) le comptage des billets des quêtes, notamment les dimanches. Sans savoir qu'il l'engageait sur la pente glissante qui précipiterair sa chute.

Or, en novembre 2017 le curé de la paroisse s'inquiéta de la baisse spectaculaire de la recette des quêtes notamment du dimanche qu'aucun phénomène ne pouvait expliquer (la crise liée au covid n'était pas encore à l'ordre du jour dans la fréquentation des lieux de culte). Il ne lui fallut guère de temps pour suspecter Georges C. en raison de son train de vie sans rapport avec ses revenus. Les policiers appelés en renfort lui tendirent un piège : non seulement ils relevèrent les numéros de tous les billets mais ils les marquèrent discrétement d'une rayure verte.

Le 4 dec. 2020 l'indélicat sacristain était placé en garde à vue et les enquêteurs découvrirent sur lui 480 euros en espèce dont 320 billets marqués en vert : selon lui l'unique larcin commis "pour se venger du licenciement de sa femme après 30 ans de bons et loyaux services" dont nous ne connaissons pas la cause.

Au tour de Georges C. d'être licencié. Condamné à 5ans de prison avec sursis et au remboursement du préjudice subi par la paroisse pendant un an : 75.000 euros de dommages et intérêts correspondant grosso modo à ce qui manqua dans les caisses. L'enquête n'avait point porté sur les années antérieures qui eurent sans doute été riches en enseignement sur "l'enrichissement sans cause" du sacristain.

Depuis, Georges C. a retrouvé un emploi dans une station service et quand à la fin de l'article du Monde Pascale lui demande en quoi consiste son nouveau métier, il répond "je suis caissier" !

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