Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Lait d'Beu
24 avril 2021

No covid: les commerçants veulent tout rouvrir le 10 mai 2021- chapitre 2

J'en profite pour faire un petit rappel terminologique : contrairement à ce que j'entends chez des journalistes et nombre d'intervenants dans les émissions de télévision : le verbe "réouvrir" n'existe pas. Mais parions que comme dans les trop nombreux cas de mésusages sémantiques, il devrait être admis dans les prochaines éditions du Petit Robert et autres Larousse... Du malheur d'être puriste !

Pour en revenir à l'article fort instructif de Philippe Lopez pour Europe1 du 22 avril 2021 : "Les commerçants réclament une réouverture des le 10 mai" je constate que cette tribune est signée par les présidents de 11 fédérations de commerçants et par ceux de 150 réseaux d'enseignes de prêt-à-porter. Lesquels soulignent que les commerces non alimentaires sont fermés depuis le 3 avril 2021 et pour certains depuis février. Tous mettant en exergue l'extrême fragilité de leur trésorerie qui risque de leur faire mettre définitivement la clé sur la porte à plus ou moins brève échéance.

Ces commerçants ont été interviewés à plusieurs reprises dans différentes émissions de télévision, tous minés par l'incertitude - aussi paralysante qu'obsédante - face à leur avenir. 

Je ne saurais rester indifférente à leur sort. Ils ont investi toutes leurs billes - souvent avec des emprunts - dans leur fond de commerce. Je n'ai nulle besoin de "leçon de choses" pour ressentir la sourde et oppressante angoisse qui les étreint : quel avenir les attend dans les semaines ou les mois prochains ? Pas brillant. Ils risquent de tout perdre.

Contrairement aux "lois Niéretz" sur le sur-endettement des ménages qui ont permis d'aménager des calendriers de remboursement et même "effacer" certaines dettes, rien de tel dans les dispositions des lois des 1er mars 1984 et 25 janvier 1985 s'agissant du sur-endettement des commerçants et artisans. La réponse ne fait aucun doute : c'est au demandeur - entendre le commerçant ou l'artisan qui ne peut ne peut assumer les échéances de ses emprunts - de payer par la vente - forcée ou amiable - de son patrimoine

Les aigrefins qui ne manquent pas dans ce monde de ripou vont se précipiter sur leurs stocks, achetés cash ou à crédit. Des marchandises forcément obsolètes - chaussures ou vêtements - quand la saison est passée. Ils sauront faire deux ou trois fois la culbute en vendant plus tard des lots acquis à vil prix dans les ventes judiciaires. Je n'ai d'ailleurs pas compris pourquoi nos si distingués "stratèges" auto-proclamés n'ont pas permis aux commerçants de proposer - en respectant les gestes-barrières - des ventes promotionnelles de ces produits devant leurs magasins, lors même qu'Amazon avait droit à tous leurs égards. 

Par "patrimoine" entendre également le logement des propriétaires faillis. Bienheureux ceux qui seront restés locataires de leur logement, à la condition toutefois de n'avoir pas sacrifié à des goûts de luxe trop dispendieux. Nous, les pauvres nous savons toujours rogner sur des dépenses, "riz-pâtes-nouilles" avec ou sans sauce tomate, on sait faire avec. Mais pendant toutes mes études de droit et même jusqu'en 2020 j'ai travaillé bénévolement pour une association parisienne à vocation sociale et j'ai constaté qu'un certain nombre de cadres - même supérieurs - tombaient rapidement dans la déchéance humaine et sociale en perdant leur emploi.

La perte de hauts revenus entraîne rapidement celle du logement et des relations sociales qui vont avec d'autant que "bobonne" qui n'avait aucune autre affinité que les relations sociales top niveau se fait très vite la belle. Je n'ai connu personnellement qu'un seul cas de "mère courage" soutenant à bout de bras son conjoint malgré de nombreuses rechutes dans l'alcoolisme. Et celui d'une femme,  cadre de haut niveau dans une grande entreprise, licenciée lors d'un de ces trop nombreux plans sociaux lors d'une des trop nombreuses crisesfinancières où cela dépota dur dans les entreprises. Elle mobilisa toute son énergie pour assurer un logement - à ses trois enfants, dans des mansardes réunies en un seul appartement dénué de tout confort. 

Quand ils perdent leur emploi les commerçants et artisans ont le droit de percevoir une assurance-chômage mais ce n'est sûrement pas avec 26 euros par jour pendant 6 mois qu'ils risquent de s'en sortir, à supposer qu'ils puissent se loger autrement que dans un carton "spécial SDF" au Halles. Même moi qui ne dispose que de 1029 euros - retraites du régime général et complémentaire - j'en viens à me considérer comme une privilégiée par rapport à leur sort. Dans quel monde absurde autant qu'inique vivons-nous ?

Je constate que le mal-être des petits entrepreneurs n'est que trop rarement pris en compte par les organisations patronales censées les défendre et les TPE (très petites entreprises) payent le coùt le plus élevé de la crise économique liée à celle du covid. Pour preuve, un article de Béatrice Madelin paru dans Le Monde du 15 avril 2021 "Les TPE les plus fragiles guettées par la dissolution directe". Les chiffres portent sur les 3 premiers mois de 2021 mais il y a peu de chance qu'ils s'améliorent, bien au contraire et ils sont particulièrement révélateurs : sur 7406 procédures collectives 5743 se sont traduites par la liquidation de l'entreprise, "une proportion jamais atteinte en 20 ans et qui traduirait la très grande fragilité de nombre de ces structures : la plupart des TPE, quand elles ne sont pas unipersonnelles, emploient entre 3 et 4 salariés.

Je ne saurais dire si les TPE disposent de structures syndicales ad hoc susceptibles de faire valoir leurs intérêts spécifiques mais attention ! à ne pas tomber dans le populisme de bas étage, surtout aujourd'hui dans une période aussi troublée idéologiquement. Il y eut un précédent des plus fâcheux avec Pierre Poujade "le papetier de Saint-Céré" (Lot) qui commença par s'opposer violemment à un contrôle fiscal et fit s'embraser grand nombre de communes rurales, au point de réussir à faire élire en 1956 à l'Assemblée nationale 52 députés... dont un certain Jean-Marie Le Pen. C'est dire le progressisme de son programme. Je vous renvoie à sa fiche sur Wikipedia fr.wikipedia.org/wiki/Pierre_Poujade qui vous en apprendra de biens bonnes sur ses dérives fascistes et son antisémitisme digne de la période nazie.

En 1969, Gérard Nicoud reprend le flambeau de la contestation des petits patrons - mais sans les miasmes du poujadisme - en s'opposant à la récente loi sur l'assurance maladie obligatoire et crée un nouveau syndicat patronal indépendant le CIDUNATI. fr. wikipedia.org/wiki/Gerard_Nicoud. 

La sollicitude des dirigeants des grands syndicats de commerce ne me paraît pas aller au-delà des bonnes intentions affichées, notamment les réseaux du prêt-à-porter qui licencieront comme par le passé, sans aucun état d'âme les "franchisés" qui seront dans la mouise (lesquels ont dû acquitter "un dventeroit d'entrée" qui ne leur est jamais restitué !). 

Emmanuel Le Roch - délégué général de Procos, qui regroupe notamment les Galeries Lafayette, Optic 2000, Décathlon et FNAC-Darty... déclaranr que chaque semaine de fermeture supplémentaire fragilise les entreprises et mes en péril un un certain nombre de magasins en raison de problèmes de trésorerie.

Même son de cloche chez Jean-Marc Bellaïche, Président du Groupe Printemps. A qui la faute s'ils ont tout misé sur le super-grand luxe essentiellement destiné à la clientèle chinoise venant à Paris - "effet snob" - acheter très cher des produits fabriqués en grande série en Chine ou autres pays du Tiers-Monde où la main d'oeuvre est encore moins chère.

 

Publicité
Publicité
Commentaires
Lait d'Beu
Publicité
Archives
Publicité