Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Lait d'Beu
20 juin 2021

Nîmes : la méthode du docteur Jean Burillon pour escroquer la sécu

Ce n'est ni le premier ni le dernier. Une sacrée palanquée depuis fort longtemps. Certains écopèrent de peines sévères tant leur activité dépassait le norme, j'ai même le souvenir d'un infirmier qui avait multiplié des actes - les plus rémunérateurs - qu'il s'était auto-prescrit avec de fausses ordonnances. L'imagination ne fait jamais défaut aux escrocs !

Dans Le Figaro du 18 juin 2021 - l'article le mieux documenté et le plus exhaustif sur le sujet - "Un médecin nîmois condamné pour escroquerie". Contrairement à d'autres confrères qui indiquent "JB" comme si la justice en France n'était pas rendue au nom de la République, l'anonymat des suspects et condamnés restant une exception, Guillaume Mollaret n'aura pas les mêmes "pudeurs de gazelle". Il cite nommément le docteur Jean Burillon avant d'exposer par le menu tout ce dont il s'est rendu coupable pendant 3 ans dans la cité Pissevin, une des plus pauvres du Gard 

En 2020, 70 % des 13.000 habitants y vivaient en-dessous du seuil de pauvreté, avec un taux de chômage de 46 % (qui n'a pas dû s'améliorer avec la crise sanitaire). Sous l'emprise du trafic de drogues, les armes automatiques de type kalachnikov y ont fait leur apparition, avec des fusillades. J'ai planté le décor : bref, le contraire d'un paradis !

Or donc, le docteur Burillon a arnaqué la sécu pendant 3 ans. Pourquoi pas avant ? J'ai ma petite théorie : à quelques encablures de la retraite, a 64 ans, il pensait sans doute l'étoffer, beaucoup de généralistes et même de spécialistes se plaignant de leur niveau trop bas. Mal lui en pris ! il se sera planté "digito in oculum" jusqu'à l'épaule : non seulement il devra rembourser à la CPAM du Gard  l'intégralité des sommes indument perçues (plus de 190.000 euros, s'ajoutant aux 150.000 euros d'amende) mais il écope d'une interdiction d'exercer la médecine pendant 5 ans... Un peu "légume" à ce moment-là.

Il n'a pas comparu devant le tribunal correctionnel et comme d'hab, son avocat raconte tout et n'importe quoi : les agents de la Sécu n'auraient pas les compétences suffisantes pour contester les décisions des médecins, etc. Renseigne-toi Ducono (je ne suis pas mal élevée ou à la manière de Robert Desnos allumant le maréchal Pétain) : des médecins-conseils ont depuis l'origine eu le pouvoir de contrôler les actes et de sanctionner les abus. Et devant l'aggravation de fraudes organisées - idem dernièrement les CAF - les CPAM se sont dotées d'un corps de "voltigeurs" ayant pour mission de les traquer.

C'est bien parce qu'il a largement dépassé les quotas normaux de patients par jour de travail qu'il a attiré l'attention de la "cellule anti-fraude" de la CPAM du Gard : 73 consultations par jour, lors même que son cabinet n'était ouvert que 18 heures par semaine ! Super-fortiche, le mec, un vrai héros de BD. 

Ce docteur Mabuse de province - et j'ai appris dernièrement grâce à plusieurs lectures d'ouvrages historiques universitaires et à la revue l'Histoire que le terme de "province" désigna au moment de la conquète romaine de la Gaule toutes ces régions du Sud de la France, correspondant peu ou prou à notre actuelle région PACA, dont le Gard - s'il avait été honnête eût pu demander à de jeunes médecins sans clientèle de s'associer avec lui puisqu'à l'évidence sa patientèle était trop nombreuse pour les capacités de travail d'un seul praticien. Au demeurant, la CPAM constata que dans les périodes où intervenait un remplaçant, l'activité de son cabinet était conforme à la fréquentation normale.

Pour forcer la note, il a multiplié les irrégularités. Ainsi, nombre de ses patients pauvres - bénéficiaient au titre de la "couverture mutuelle universelle (CMU) de cartes vitales où étaient inscrits tous les membres de la famille. Or, il se fit rembourser des consultations à l'ensemble des personnes inscrites même celles qui n'étaient pas présentes.

Certaines de ces personnes se satisfont de pouvoir être soignées sans faire d'avance grâce au "tiers payant" et ne contrôleraient pas le montant des dépenses. Je ne connais pas le fonctionnement de la CMU à cet égard et ne saurait dire si la Sécu ne leur adresse pas systématiquement un relevé des prestations dont elles ont bénéficié - mais peut-être s'en fichent-elles ? En  revanche, je bénéficie également du tiers payant du fait de mon invalidité permanente et je reçois le relevé des prestations, médecins, pharmacie, etc.

Publicité
Publicité
Commentaires
Lait d'Beu
Publicité
Archives
Publicité