Jolly Jumper reviens : les Dalton sont devenus fous !

Pour les personnes qui ne connaîtraient pas les albums du dessinateur belge Morris, je précise que Jolly Jumper est la jument de Lucky Luke, cow-boy solitaire, traqueur de bandits de grands chemins qu'il remet aux autorités fédérales sans demander la moindre rançon. J'ai le parfait et amusant souvenir d'un dessin où elle se roule par terre de rire. Peut-être à cause de l'inénarrable Ran-Tan-Plan, chien au gros museau avec perpétuellement la goutte au nez, admirateur béat des Dalton.

Les Daltons qui sévissent aujourd'hui à Lyon n'ont rien à voir avec les albums de Morris. Ils lui empruntent leurs déguisements pour ridiculiser les forces de l'ordre honnies, stigmatisées comme Lucky Luke et que le récit de leurs exploits ne peuvent laisser indifférentes.

L'activité des Daltons

Evoqué sur 20 minutes par X.R. et repris par msn.com/fr le 30 oct. 2021 "Lyon, un motard membre des Daltons placé en garde à vue après un rodéo urbain" qui précise que ses deux complices sont en fuite. Il a été interpellé dans le VIIè arrondissement de Lyon. Le rodéo avait commencé à 18 h sur les quais du Rhône. Au mépris de la sécurité des autres usagers de la route. Qu'il n'y ait pas eu d'accrochage ou d'accident relève du miracle. Ce faisant, ils ne risquent pas de s'attirer la sympathie des Lyonnais et autres habitants du Rhône pressés de rentrer chez eux après une journée de travail.

Cet article évoquait des précédents non moins graves. Ainsi l'interpellation le samedi 23 oct.2021 de 3 Daltons qui doivent être jugés le 26 nov. 2021. Mais surtout il épinglait fin août 2021 l'action de Mehdi Fiad alias "Many GT" mis en cause pour le tournage de clips : 4 rodéos urbains dans le VIIIè arrondissement de Lyon et le périphérique entre le dimanche 14 fev. 2021 et le jeudi 17 juin 2921. De là à l'envoyer en prison pour 9 mois (fermes) : la main des juges n'a pas tremblé.

Il est incarcéré dans la prison de Lyon-Corbas dont un article du 7 nov. 2021 paru sur BFM-TV, et repris sur msn.com/fr m'apprend "qu'un membre des Daltons escalade le grillage de la prison de Lyon-Corbas", action filmée en direct sur Instagram. Ensuite de quoi il se dirige vers le mur d'enceinte de la prison et jette un colis. Darmanin qui selon l'OBS du 15 nov. 2021 (repris sur msn.com/fr) "veut la fermeture du compte Instagram des Daltons" - j'y reviendrai car de mon avis, il peut se fouiller - trouvant utile de préciser "personne ne le dit mais il y avait du haschish à l'intérieur". Bonté divine, quelle surprise ! Mais il sort d'où notre ministre de l'Intérieur ? Partout où des délinquants en ont alimenté d'autres dans les prisons on trouve de la drogue, des téléphones portables (interdits en prison)  et tout ce qui sert à leur fonctionnement, des batteries de rechange aux cartes SIM.

Je ne peux m'empêcher de m'interroger : des prisonniers ont été transférés dans des établissements éloignés de leurs proches pour moins que cela. L'aministration pénitentiaire, le minisère de l'Intérieur de même que celui de la Justice sont- ils incapables de prendre une telle mesure ? Les Daltons ne représentent déjà pas grand chose à Lyon et zéro dans le reste de la France.

Dans un article de 20 minutes du 4 nov.2021 repris sur msn.com/fr Caroline Girardeau s'interrroge "Lyon : la traque des Daltons sera-t-elle suffisante pour enrayer les rodéos sauvages dans toute l'agglomération ?". Je crains malheureusement que non. D'abord,les Daltons s'ils se réfugient derrière le prétexte de l'art sont en nombre limité quand bien même feraient-ils quelques émules. Ensuite à Lyon et dans des banlieues du Rhône d'autres bandes se livrent à des rodéos (forcément sauvages). Enfin, le phénomène s'est diffusé sur l'ensemble du territoire français, y compris dans des petits bourgs.

Des "négociations" entre les policiers et les Daltons ? Même pas dans leurs rêves !

C'est ce que j'ai découvert sur l'article de BFM-TV du 7 nov. 2021 où un des Daltons se dit prêt à "négocier" avec les forces de l'ordre mais "en imposant leurs conditions". Jolly Jumper va s'écroûler de rire devant autant d'ignartitude en matière juridique. Je vais donc reprendre la démonstration faite à l'occasion des attaques de commissariats par des bandes de voyous. Notamment l'analyse de Frédéric Ploquin, spécialiste des sécurités et de justice affirmant que les voyous considèrent les flics (lato sensu) comme des "bandes rivales".

La police et la justice sont dans un Etat de droit comme le nôtre des rouages essentiels du droit à la sécurité et à la tranquillité publique auxquels peuvent aspirer les citoyens. La police dispose du "monopole de la violence" (Max Weber) précisément pour éviter "la violence de tous contre tous" (Hobbes) qui semble malheureusement être généralisée aujourd'hui, nonobstant la règle essentielle "Nul n'est censé se faire justice soi-même" : c'est aux tribunaux qu'il appartient de régler les différends entre les individus et les groupes.